Centrafrique : L’opposant Dominique Désiré Erenon interpellé dès son retour d’exil à Bangui
publié le : 7 octobre 2025 à 11h09min | MàJ : il y a 2 heures
Rédacteur : Aristide Nouah

Le retour au pays de Dominique Désiré Erenon, figure de l’opposition centrafricaine, a tourné court. L’ancien expert constitutionnaliste auprès de l’Union africaine et président du parti Marche pour la Démocratie et le Salut du Peuple (MDSP) a été arrêté ce samedi 4 octobre dès son arrivée à l’aéroport international de Bangui-Mpoko, après trois années d’exil en France.
Un retour attendu, un accueil brutal
Connu pour sa critique virulente de la réforme constitutionnelle de 2016, Dominique Désiré Erenon vivait en exil depuis 2022, affirmant alors avoir échappé à une tentative d’enlèvement à Bangui. Son retour, présenté comme un signe d’apaisement et de volonté de reprendre une vie publique normale, a été brutalement interrompu par son interpellation à sa descente d’avion.
Selon des témoins présents sur place, les forces de sécurité ont procédé à son arrestation sans incident majeur, avant de le conduire d’abord à l’Office central de répression du banditisme (OCRB), puis à la Section de recherche et d’investigation (SRI).
Une garde à vue sous surveillance
Une source proche de la SRI indique que la garde à vue de l’opposant se déroule « dans des conditions correctes » . Aucun signe de mauvais traitement n’a été signalé, mais l’inquiétude reste palpable parmi ses partisans. L’homme politique devrait être entendu ce lundi 6 octobre par le procureur de la République.
Ses proches, prudents, ont préféré ne pas communiquer publiquement avant cette audition. « Nous voulons d’abord connaître les faits précis qui lui sont reprochés avant d’engager toute action légale » , a confié à la presse un membre de son entourage.
Un flou total sur les motifs de l’arrestation
Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’a été faite par les autorités centrafricaines. Ni le ministère de la Justice ni celui de l’Intérieur n’ont communiqué sur les raisons exactes de cette interpellation. Ce silence alimente les spéculations autour d’un éventuel règlement politique visant à neutraliser un opposant jugé trop critique.
Erenon, qui s’apprêtait à reprendre son poste d’enseignant en droit public à l’université de Bangui, comptait également relancer ses activités politiques à la tête du MDSP, un parti qui milite pour « une alternance démocratique pacifique et la refondation de l’État » .
Une arrestation à forte portée politique
Pour de nombreux observateurs, cette arrestation traduit la persistence des tensions entre pouvoir et opposition en Centrafrique, dans un climat politique encore fragile. Le retour d’Erenon devait marquer un signe d’ouverture, mais son arrestation remet en cause la promesse de réconciliation nationale affichée par les autorités de Bangui.
Les organisations de défense des droits humains, pour l’heure silencieuses, pourraient rapidement réagir si les motifs de cette interpellation demeurent flous. Dans un pays encore marqué par la méfiance politique et la polarisation, cette affaire pourrait bien rallumer les braises d’une opposition longtemps étouffée.