Maroc : 3 morts et des centaines d’arrestations lors de manifestations contre l’investissement dans le Mondial 2030
publié le : 3 octobre 2025 à 04h19min | MàJ : il y a 5 heures
Rédacteur : Anna Bibang

Les manifestations contre la politique du gouvernement marocain ont pris un tournant dramatique. Trois personnes ont été tuées et plus de 400 manifestants arrêtés depuis le week-end, selon le ministère de l’intérieur. La contestation, déclenchée par le rejet des dépenses liées à l’organisation de la Coupe du monde 2030, s’étend désormais à plusieurs grandes villes du royaume.
L’incident le plus grave est survenu à Lqliaa, près d’Agadir. Les autorités affirment que des protestataires armés de couteaux ont tenté de prendre d’assaut un poste de police dans la nuit de mercredi, incendiant une partie des locaux et un véhicule pour s’emparer d’armes. La police dit avoir tiré en légitime défense, causant la mort de trois assaillants. Un juge d’instruction a été saisi.
Nées d’appels pour une meilleure éducation et un système de santé plus efficace, les manifestations se sont transformées en la plus importante vague de contestation depuis le soulèvement du Rif en 2016-2017. Dans plusieurs villes — Rabat, Salé, Tanger, Agadir ou encore Marrakech — des affrontements violents ont opposé les forces de l’ordre à des jeunes qui dénoncent la corruption et les milliards dépensés pour construire ou rénover des stades, alors que « les hôpitaux s’effondrent ». À Salé, des banques, commerces et véhicules ont été incendiés.
Le collectif Gen Z 212, qui organise la mobilisation via TikTok, Instagram et surtout Discord (passé de 3 000 à 130 000 membres en une semaine), appelle à des « manifestations pacifiques ». Mais la colère s’amplifie, nourrie par un chômage des jeunes qui atteint 36 % et par des drames récents, comme la mort de huit femmes dans des hôpitaux publics d’Agadir. Le Premier ministre Aziz Akhannouch, dans sa première réaction publique, a jugé les décès « regrettables » et dit vouloir « engager un dialogue » avec les manifestants.
Malgré l’usage de canons à eau, de charges policières et d’arrestations massives, le mouvement ne faiblit pas. Inspirés par des révoltes similaires au Népal, au Pérou et à Madagascar, les jeunes Marocains promettent de maintenir la pression. Reste à savoir si la promesse de dialogue suffira à désamorcer la crise la plus grave qu’ait connue le pays depuis près d’une décennie.