S’adapter pour survivre : 5 façons d’aider les pays à affronter la crise climatique

Des inondations dévastatrices au Pakistan aux incendies de forêt en Sibérie, les effets de l’urgence climatique se font sentir dans le monde entier, et les Nations Unies appellent à davantage d’investissements pour aider les pays à s’adapter à un environnement de plus en plus instable.

Pour atteindre l’objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, les pays n’ont d’autre choix que de réduire considérablement les émissions de combustibles fossiles et de passer à une économie à faible émission de carbone.

C’est le message constant de l’ONU mais, alors que se multiplient les événements météorologiques extrêmes menaçant la sécurité alimentaire et la stabilité mondiale, des mesures plus urgentes doivent être prises face à une planète de plus en plus hostile.

D’où l’intérêt de ces cinq méthodes éprouvées pour aider les nations à devenir plus résilientes face au changement climatique.

1. Les systèmes d’alerte précoce

Les recherches démontrent qu’une alerte donnée 24 heures avant une vague de chaleur ou une tempête imminente peut réduire de 30% les dommages subséquents. Les systèmes d’alerte précoce assortis de prévisions climatiques représentent l’une des mesures d’adaptation les plus rentables, générant en tout environ neuf dollars d’avantages pour chaque dollar investi.

Des avertissements en temps opportuns permettent de prendre des mesures préventives, comme par exemple étanchéiser les portes avec des sacs de sable avant les inondations, stocker des ressources ou, dans certains cas extrêmes, évacuer les résidences.

Au Bangladesh, par exemple, alors même que le changement climatique s’aggrave, le nombre de morts causés par les cyclones a été divisé par 100 au cours des 40 dernières années, principalement en raison de l’amélioration des alertes précoces. Mais aujourd’hui, un tiers de la population mondiale ne bénéficie pas encore suffisamment de ces systèmes. De plus, les efforts se sont concentrés principalement sur les tempêtes, les inondations et les sécheresses. D’autres dangers comme les vagues de chaleur et les feux de forêt devront être mieux pris en compte à mesure qu’ils gagneront en fréquence et en intensité.

Cette année, le Secrétaire général de l’ONU a chargé l’Organisation météorologique mondiale ( OMM ) de diriger un plan d’action visant à fournir ces alertes précoces à l’ensemble de la population mondiale au cours des cinq prochaines années. Le plan sera présenté à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) le mois prochain.

2. La restauration de l’écosystème

La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, lancée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et ses partenaires en 2021, a déclenché un mouvement mondial pour restaurer les écosystèmes. Cet effort planétaire permettra non seulement d’absorber plus de carbone, mais aussi d’accroître les « services écosystémiques » pour assurer une défense contre les impacts les plus dévastateurs de ces émissions.

Dans les villes, la restauration des forêts urbaines rafraichit l’air et réduit les vagues de chaleur. Par une journée ensoleillée normale, un seul arbre fournit un effet de refroidissement équivalent à deux climatiseurs domestiques fonctionnant pendant 24 heures.

Sur les côtes, les forêts de mangroves assurent des défenses maritimes naturelles contre les ondes de tempête en réduisant la hauteur et la force des vagues de la mer. De plus, la protection des mangroves coûte 1.000 fois moins cher par kilomètre que la construction de digues.

En haute altitude, le reverdissement des flancs des montagnes épargne aux communautés les glissements de terrain et les avalanches induits par le climat. Par exemple, sur l’île d’Anjouan aux Comores, la déforestation asséchait le sol et transformait les forêts en déserts. Avec le soutien du PNUE, un projet a permis de planter 1,4 million d’arbres en quatre ans pour freiner l’érosion et retenir l’eau et les nutriments dans le sol.

3. Des infrastructures résilientes au climat

Les infrastructures résilientes au climat comprennent les ouvrages et les systèmes tels que les routes, les ponts et les lignes électriques capables de résister aux chocs climatiques extrêmes. Les infrastructures sont responsables de 88% des coûts estimés de l’adaptation aux changements climatiques.

Un rapport de la Banque mondiale révèle que le financement de ces infrastructures résilientes dans les pays à revenu faible et intermédiaire pourrait produire environ 4.200 milliards de dollars de retour sur investissement, soit environ quatre dollars pour chaque dollar investi. Le raisonnement est simple. Les infrastructures résilientes gagnent en rentabilité quand leur cycle de vie est prolongé et quand leur fonctionnement est plus fiable.

Parmi les outils permettant d’encourager l’investissement dans ces infrastructures, on distingue particulièrement les normes réglementaires telles que les codes du bâtiment, des cadres d’aménagement du territoire et l’élaboration de cartes de zones vulnérables. De même, un puissant effort de communication assure que le secteur privé est pleinement informé des risques, des projections et des incertitudes climatiques.

4. La sécurité de l’approvisionnement en eau

L’histoire du changement climatique est, à bien des égards, une histoire de l’eau, qu’il s’agisse d’inondations, de sécheresses, d’élévation du niveau de la mer ou même d’incendies de forêt. D’ici à 2030, une personne sur deux devrait faire face à de graves pénuries d’eau.

Il sera crucial d’investir dans une irrigation plus efficace, car l’agriculture représente 70% de la consommation mondiale d’eau douce. Dans les centres urbains, environ 100 à 120 milliards de mètres cubes pourraient être économisés dans le monde d’ici 2030 en réduisant seulement les fuites dans les systèmes d’adduction d’eau. Les gouvernements sont encouragés à élaborer des plans holistiques de gestion de l’eau, connus sous le nom de gestion intégrée des ressources en eau, qui prennent en compte l’ensemble du cycle hydrique : de la source à la distribution, au traitement, à la réutilisation et au retour dans l’environnement.

Les recherches démontrent que les investissements dans les systèmes de collecte des eaux de pluie méritent d’être soutenus et généralisés. Dans la ville de Bagamoyo, en Tanzanie, par exemple, l’élévation du niveau de la mer et la sécheresse due à la baisse des précipitations avaient provoqué l’assèchement des puits ou leur salinité. Faute d’alternative, les enfants de l’école Kingani locale devaient boire cette eau salée, ce qui leur causait des maux de tête et des ulcères, et entraînait une baisse de la fréquentation de l’établissement.

Avec le soutien du PNUE, le gouvernement a commencé à construire un système de collecte des eaux de pluie constitué de gouttières sur les toits menant à une série de grands réservoirs. Les maladies ont rapidement régressé et les enfants sont retournés à l’école.

5. Planifier à long terme

Les solutions d’adaptation au climat sont plus efficaces si elles sont intégrées dans des stratégies et des politiques à long terme. Les plans nationaux d’adaptation représentent un mécanisme de gouvernance crucial permettant aux pays de planifier l’avenir et de hiérarchiser stratégiquement les besoins d’adaptation.

Ces plans consistent au premier chef à examiner des scénarios climatiques dans les décennies futures et à les combiner avec des évaluations de la vulnérabilité spécifique de différents secteurs. Ceux-ci peuvent aider à guider les décisions gouvernementales sur les questions d’investissement, de réglementation et de cadre fiscal ainsi qu’à sensibiliser le public. Environ 70 pays ont élaboré des plans nationaux d’adaptation, mais ce nombre augmente rapidement. Le PNUE aide actuellement 20 États membres à élaborer leurs plans, qui peuvent également être utilisés pour améliorer les éléments d’adaptation inclus dans les contributions déterminées au niveau national - un élément central de l’Accord de Paris.

Le PNUE et la crise climatique

Le PNUE soutient l’objectif de l’Accord de Paris de maintenir l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius et de viser - pour être sûr - 1,5 ° C, par rapport aux niveaux préindustriels.

Pour ce faire, le PNUE a élaboré une feuille de route pour une solution à six secteurs afin de réduire les émissions dans tous les secteurs, conformément aux engagements de l’Accord de Paris et dans la poursuite de la stabilité climatique. Les six secteurs sont l’énergie ; l’industrie ; l’agriculture et l’alimentation ; les forêts et l’utilisation des terres ; les transports, les bâtiments et les villes.

La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) en novembre 2022 se concentrera sur l’adaptation, le financement et une transition juste.


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