Dialogue national inclusif : discours d’ouverture du président de la transition
publié le : 3 avril 2024 à 11h12min | MàJ : 3 avril 2024 à 11h46min
Rédacteur : Gabon Matin
Gabon Matin vous livre l’intégralité du discours du président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Dialogue national inclusif le 2 avril 2024.
Merci à tous et merci à toutes,
Peuple gabonais,
La solennité de l’événement de ce jour du 2 avril 2024 nous invite à l’observation d’une minute de silence en hommage à tous ces Gabonais et Gabonaises épris de valeurs démocratiques qui nous ont précédés dans l’au-delà et auraient bien voulu voir naître la nouvelle République que nous appelons de tous nos vœux.
Je pense à tous ceux qui sont tombés en 2016.
Merci.
- Excellence Monsieur le Président de la République de Centrafrique, Président en exercice de la CEMAC et Facilitateur de la CEEAC ;
- Messieurs les Présidents des Institutions de Transition
– Monsieur le Vice-Président de la Transition
– Monsieur le Premier Ministre de la Transition, Chef du Gouvernement ;
- Messieurs les Officiers Généraux, Officiers, Sous-Officiers et Militaires de rang, membres du CTRI ;
- Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
– Monsieur le Président du Dialogue National Inclusif ;
– Messieurs les dignitaires de la République ;
– Messieurs les ambassadeurs, observateurs du Dialogue National Inclusif ;
– Mesdames et messieurs, membres des commissions ;
– Mesdames et messieurs, en vos rangs, grades et qualités.
Ouvrir ces travaux du Dialogue National Inclusif équivaut à ouvrir une page de ce grand livre de notre histoire. Cependant, permettez-moi de commencer par remercier le Président de la République Centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra, pour son rôle de facilitateur de la CEMAC et son implication sans relâche à accompagner le Gabon dans ce processus de transition.
Ces remerciements s’adressent également à tous nos amis de la CEEAC, dont l’action déterminante a déjà permis d’aboutir à la levée des sanctions qui pesaient sur le pays.
Je continue de compter sur ce formidable esprit de solidarité africaine pour le retour du Gabon au sein de l’Union Africaine.
Aussi, je remercie toutes les organisations internationales qui croient en nous et à la réussite de cette transition et ne cessent de nous citer comme modèle.
C’est dire que le cas du Gabon fait école.
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
C’est avec une vive émotion qu’en ce jour si particulier, je m’adresse à chacun d’entre vous.
Je souhaite que mon message, porté par la foi et l’amour du pays, parvienne à nos chers compatriotes vivant dans le Gabon profond, ainsi qu’à ceux de la diaspora.
Je m’adresse également à nos concitoyens établis dans l’Estuaire et le Grand Libreville, notamment ceux des quartiers PK, Kinguélé, Cocotier, Akébé, Mindoubé Décharge, Nzeng Ayong, Owendo Rails, pour ne citer que ceux-là.
En réalité, je m’adresse à vous tous, au peuple autochtone, aux personnes vivant avec un handicap, aux infirmes du bonheur à qui ce dialogue peut servir de béquilles, sans tenir compte de votre province, de votre appartenance ethnique, vos croyances religieuses, votre niveau social ou intellectuel.
Je n’oublie pas tous ceux qui aiment le Gabon et qui nous aiment toujours et nous témoignent, avec le CTRI, leur amitié et leur soutien.
Veuillez trouver ici l’expression de mes vifs et sincères remerciements.
Mes chers compatriotes,
Sept mois après la mise en place des institutions de la Transition, et conformément au chronogramme annoncé le 13 novembre 2023, nous voici aujourd’hui rassemblés pour la cérémonie d’ouverture du Dialogue National Inclusif, dont je salue la mobilisation massive.
Ce dialogue est un moment primordial au cours duquel nous allons pouvoir nous parler avec franchise et sincérité.
Mes chers compatriotes, le 30 août 2023, face au chaos inéluctable dans lequel allait plonger notre pays à l’issue d’un processus électoral volontairement tronqué, les Forces de Défense et de Sécurité, réunies au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, ont décidé de mettre fin au régime en place.
Ce « coup de la liberté », sans effusion de sang, a été salué aussi bien sur le territoire national qu’au sein des communautés gabonaises vivant à l’étranger. Les forces de défense et de sécurité ont choisi, dès les premiers jours, d’impliquer toutes les forces vives dans la reconstruction de notre belle nation.
Cela avait pour but d’associer le plus grand nombre aux choix fondamentaux de la transition. C’est pourquoi la phase préparatoire de ce dialogue national a été marquée par une vaste consultation qui a permis de recueillir plus de 38 000 contributions, donnant ainsi à chacun l’opportunité de participer à l’œuvre de reconstruction de notre édifice commun.
Gabonais, Gabonaises, depuis la Conférence nationale de mars à avril 1990, jusqu’à la concertation politique de février 2023, en passant par les Accords de Paris de 1984, les accords d’Arambo, le dialogue politique d’Angondjé en 2017, les avancées tant souhaitées par les Gabonais sont restées lettre morte.
Ces rendez-vous manqués avec l’histoire ne sauraient se reproduire sous l’égide du CTRI et pour 4 raisons :
La première : le nombre de contributions, soit plus de 38 000, justifiant l’intérêt du peuple pour ce dialogue.
La deuxième est liée au nombre de participants qui a été réévalué à 600 participants contre 300 à la Conférence nationale, 250 pour les accords d’Arambo et 150 au cours de la concertation politique de février 2023, ce qui montre que nous avons fait mieux.
La troisième concerne les thématiques abordées, car les précédentes rencontres tournaient exclusivement autour des questions politiques. Celle-ci met en avant les préoccupations économiques et sociales légitimes des Gabonais, tout en ambitionnant de tracer une nouvelle trajectoire pour l’histoire de nos institutions.
La quatrième raison est que les conclusions de ce dialogue national inclusif vont être traduites en texte de loi puis soumises à un référendum qui permettra à tous les Gabonais de se prononcer sur la proposition d’une nouvelle constitution. C’est là le véritable caractère souverain recherché par le peuple. De plus, il est à noter que le dernier référendum en République gabonaise a eu lieu il y a 29 ans, ce qui est trop long.
Mes chers compatriotes, certes, le présent dialogue abordera également des sujets liés à la politique. Il ne saurait ni être politicien, ni politicard, au sens des luttes partisanes pour la conservation ou la conquête de pouvoir. Il s’agit plutôt d’un échange politique, au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire, la résolution des problèmes de la collectivité par la discussion.
Mesdames et Messieurs les participants, convaincu de votre parfaite compréhension des enjeux de cette rencontre, je rappelle que la haine, la vengeance, la violence, même verbale, ne saurait constituer un programme de société. Notre peuple attend beaucoup de vous, de ce dialogue national inclusif. Je sais donc compter sur l’esprit consensuel et le sens des responsabilités qui doivent habiter chacun de vous pour que les travaux débouchent sur la victoire du Gabon.
Pour ma part, je m’engage à tout mettre en œuvre pour atteindre ce but. Je suis déterminé à voir le Gabon ouvrir une nouvelle ère de son essor vers la félicité, aussi bien sur le plan national qu’international.
Gabonaises, Gabonais,
Ce dialogue que nous voulons inclusif, et il est important de le souligner, devra être encadré. Il ne s’agit ni d’un tribunal, ni d’une cour de justice. Bien au contraire, le dialogue national vise à réfléchir sur l’édification d’un nouveau Gabon, à réconcilier les Gabonaises et les Gabonais entre eux en créant un espace qui permet à tous les enfants de notre pays, quel que soit leur statut social, de se rassembler autour de notre quête de prospérité, de bonheur partagé et de notre vivre ensemble. C’est pourquoi je suis heureux de constater que la majorité des participants à ce dialogue sont des visages nouveaux, auxquels s’associent les nombreux citoyens sans affiliations politiques particulières, ainsi que des centaines d’associations qui ont adhéré, exprimé leur souhait de participer activement à ce dialogue à travers leurs nombreuses suggestions sur la plateforme créée à cet effet.
Sur la base de ces éléments, les nombreux frères et sœurs qui participent pour la première fois au dialogue auront la noble et exaltante mission de proposer un modèle de fonctionnement de nos institutions et de nos organes de gouvernance.
Mes chers compatriotes, le dialogue national n’est pas une foire d’empoignades, sans tabou, ni censure, pourvu qu’on y mette les formes. Chacun devra s’exprimer en toute liberté et en toute sécurité, je veux faire de cette rencontre nationale un cadre propice à l’incubation d’idées novatrices qui inspireront l’écriture d’une nouvelle constitution, mais aussi la promotion de lois favorisant des élections libres et transparentes. Il s’agira donc concrètement d’effectuer un diagnostic aussi précis que possible de la situation institutionnelle, économique et sociale de la Nation.
De proposer des orientations appropriées en vue de conduire le pays vers une démocratie et un véritable État de droit.
D’arrêter les grands principes d’orientation de l’État et des pouvoirs publics, d’annoncer toutes les mesures susceptibles d’assurer la réalisation de la justice sociale.
Une telle entreprise suppose que chacun d’entre nous fasse au préalable un travail sur soi afin de faire évoluer nos mentalités, nos mauvaises habitudes, pour ne pas dire nos très mauvaises habitudes.
Mes chers compatriotes, si nous voulons nous relever, il nous faut faire preuve de vérité en dressant un diagnostic des faits que nous ne souhaitons plus voir se reproduire dans notre pays. Pour ce faire, l’implication des leaders religieux m’a semblé indispensable ; leur participation garantit que les décisions prises lors du dialogue national sont inclusives et respectent les valeurs de paix et les croyances auxquelles les Gabonais sont très attachés. C’est pourquoi, en les désignant officiellement à la présidence du bureau de ce dialogue inclusif, nous leur avons confié la tâche d’en assurer la gestion. Il leur revient donc de veiller à ce qu’à la fin de ce dialogue national, le Gabon retrouve sa dignité, le Gabon renaisse uni et réconcilié avec lui-même.
Peuple gabonais, les combats d’une République ne se gagnent pas d’un coup, mais à travers le temps. Le CTRI, que vous soutenez depuis le 30 août 2023, se réserve d’analyser le bien-fondé d’une commission justice, vérité et réconciliation le moment venu.
Le temps d’une transition me semble bien trop étroit pour établir les responsabilités de chaque événement, en réévaluant les circonstances qui ont prévalu au moment des faits, d’autant plus que, sous d’autres cieux, les commissions de ce type ont ouvert des brèches qui ne sont toujours pas fermées, malgré les années.
Il est bon de revenir dans le passé, j’en conviens, mais cela ne doit pas nous empêcher d’avancer. L’armée a fait sa part, il revient donc au clergé, à l’église, de faire la leur. C’est dire que le dialogue national inclusif, nous l’avons mis sous le sceau des dieux. Sur ces mots, j’en appelle à la responsabilité et au patriotisme de tous, pour qu’à nouveau, unis dans la concorde et la fraternité, le Gabon rêvé par nos ancêtres, nos pères, nos aînés tels que :
– Mbombé
– Wongo
– Emane Ntole
– Léon Mba
– René-Paul Sousatte
– Germain Mba
– Paul Indjendjet Gondjout
– Omar Bongo
– Ndouna Depenaud
– Simon Oyono Aba’a
– Joseph Redjembé
– Martine Oulabou
– Pierre Mamboundou et bien d’autres, s’éveille et demeure digne d’envie.
Peuple gabonais, c’est enfin notre essor vers la félicité, honneur et fidélité à la patrie.
Je déclare ouverts les travaux du dialogue national inclusif.
Plein succès à vos travaux, je vous remercie.