Presse libre au Gabon mais communicateurs en captivité sociale et psychologique !

Rue241 vous livre la tribune du journaliste gabonais Edgard Nziembi Doukaga sur la situation périlleuse des communicateurs au Gabon.

Ayons le courage d’aller directement et froidement à cette conclusion qui alerte le Chef de l’État, le Gouvernement, la Haute Autorité de la Communication et les professionnels des médias :

« Ils peuvent se succéder et passer 2, 5 ou 10 ans à la tête de la Communication. Aucun Ministre ne réussira sans parvenir à faire adopter le Statut Particulier des Communicateurs. Leurs points communs resteront la similitude des discours et les passages à vide pour sombrer dans l’oubli ».

Dès qu’on l’a dit avec une certaine capacité de l’assumer, on peut aligner aux arguments le droit des professionnels des médias à y accéder.

Eux qui alimentent la presse écrite et en ligne, font fonctionner la radio et la télévision, de jours ouvrés et comme fériés, de jour comme de nuit, dans des conditions mettant en péril leur intégrité physique, psychologue ainsi que leur vie de famille.

Il y a ensuite la nécessité de donner un contenu matériel au ferme engagement pris chaque année par le Président de la République Ali BONGO ONDIMBA en faveur de l’amélioration des conditions de vie et de travail des communicateurs dont les contraignantes missions aident à bâtir une presse professionnelle, unité de mesure de la vivacité de toute démocratie.

Toutes les récriminations d’incompétence, d’auto censure, de corruption portées contre les communicateurs pourraient être résolues par le contenu de ce Statut Particulier qui malheureusement, bute à l’incapacité des différents ministres qui se succèdent à le porter sur la table du Premier Ministre puis du Parlement.

Même certains députés et sénateurs, communicateurs à la base, n’y trouvent aucune ambition à voire ce texte porter leur nom un jour.

C’est par ce Statut Particulier que le Communicateur aurait accès à la formation et le perfectionnement ; aux stages ; à une plus grande liberté d’exercer ; à un outil performant et moderne de travail ; à un revenu et aux primes pour résister à la manipulation, la corruption et sortir de la précarité ; à une meilleure sécurité sociale ; à une retraite à la hauteur des sacrifices consentis des années durant.

La solidarité gouvernementale et les débats autour des dossiers lors des conseils interministériels et des ministres donnent à tous les membres du gouvernement une connaissance transversale des urgences dans tous les secteurs de la vie de la nation.

Une simple grève dans un secteur amène toujours tous les ministres d’autres départements à s’informer des mobiles. Chaque ministre connait donc ce qu’il se passe chez son collègue.

Par conséquent, les visites dans les services sous tutelle « pour s’imprégner des difficultés » finissent par heurter leur intérêt et susciter la résignation des personnels.

Quand on s’est soumis à cet exercice devenu coutumier, on a rencontré les professionnels et les syndicalistes du secteur pour évoquer leurs attentes, s’accorder sur une échelle de priorités doit être l’ultime étape.

Dans cette démarche et parlant du secteur de la Communication, il serait incompréhensible que le Statut Particulier ne soit pas en haut de cette échelle.

Nous nous devons à la vérité de reconnaître que depuis bientôt 30 ans, quid des discours et t feuilles de routes déclinées par les ministres successifs, en dépit des grèves, des violences et parfois des blessés, on tourne en rond.

Où les ministres qui ont fait adopter des Statuts Particuliers dans leurs secteurs ont-ils eu le courage de les porter sur la table du Parlement et du Chef de l’État ?

Celui de la Communication serait-il un dossier interdit de débats au sein du Gouvernement ?

Il y aurait une volonté de confiner les Communicateurs dans la précarité afin qu’ils ne s’affranchissent pas du dédain des acteurs politiques et économiques à leur égard ?

Autant de questions qui vont demeurer sans réponses, tant que le Statut Particulier des Communicateurs ne sera pas un dossier d’orgueil pour la tutelle.

OUI, doter les médias des équipements techniques modernes et numériques est un impératif.

OUI, les délits de presse ont été dépénalisés.

OUI, les journalistes écrivent librement peut-être.

OUI, les journalistes doivent faire preuve d’un grand sens de responsabilité dans ce qu’ils écrivent, publient et diffusent.

Mais la peur de publier ou de diffuser et l’angoisse de travailler au milieu d’autant de difficultés, sans vivre, se loger et se transporter dignement font d’eux, des communicateurs en captivité sociale et psychologiques.

Notre génération a certainement raté de vivre mieux de ce métier. Mais nous avons le droit de nous inquiéter pour ces jeunes qui intègrent la Communication, alors qu’ils ont les atouts intellectuels pour épouser d’autres métiers.

Nous sommes inquiets !

 

Edgard Nziembi Doukaga , journaliste à Gabon Télévision


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