“Le Président a dit”… et le SG a trahi : chronique d’une débâcle annoncée dans la Dola
publié le : 23 juillet 2025 à 10h24min | MàJ : il y a 7 heures
Rédacteur : Michel Ibounda

Il paraît que “le Président a dit”. Mais ce qu’il n’a sûrement pas dit, c’est de torpiller la dynamique populaire née de la Transition, en sacrifiant sur l’autel des intérêts claniques les artisans de la victoire d’août 2023 et du référendum historique de 2024. Pourtant, dans la Dola, c’est bien ce scénario absurde que le Secrétaire Général de l’Union des Bâtisseurs est en train de mettre en œuvre… sciant consciencieusement la planche sur laquelle repose encore la fragile légitimité politique du renouveau gabonais.
Le bal des oubliés : les vrais bâtisseurs évincés
Dans ce département stratégique du sud du Gabon, qui s’est massivement mobilisé pour soutenir la Transition et défendre le “oui” lors du référendum, les figures de proue du mouvement bâtisseur sont aujourd’hui les grandes absentes des listes pour les législatives. Ni remerciement, ni reconnaissance, ni même consultation : une mise à l’écart brutale des ténors de terrain, ceux-là mêmes qui ont mouillé la chemise, parcouru les villages, pris des risques, animé les causeries et porté la parole présidentielle au cœur du peuple.
Leurs noms ? Connus de tous à Ndendé, appelés affectueusement “les Bâtisseurs de la Base”. Eux qui ont réuni les foules quand d’autres se contentaient d’envoyer des communiqués depuis Libreville. Eux qui ont transformé l’espoir en mobilisation. Eux que le SG a effacés d’un trait de plume.
“Le Président a dit” : l’argument creux devenu boomerang
Pour justifier l’injustifiable, une pirouette aussi usée que ridicule : “Le Président a dit”. Une formule magique, censée clore le débat, mais qui ouvre surtout une plaie béante. Dans les maquis et les quartiers populaires de Ndendé, cette phrase sonne comme une provocation. Elle rappelle trop bien un autre refrain : “Papa a dit”, le slogan infantilisant de la Young Team de l’ancien régime, qui traitait le peuple comme un pion dans un jeu de succession dynastique.
Mais la Dola n’est pas une cour d’école politique. C’est un territoire fier, conscient de sa force, et qui n’oublie pas. Il n’oublie pas les sacrifices. Il n’oublie pas les trahisons. Et surtout, il n’oublie jamais les imposteurs.
Une stratégie électorale qui sent la trahison
En imposant des têtes de liste parachutées, déconnectées des réalités locales, le SG de l’Union des Bâtisseurs ne construit rien : il détruit. Il affaiblit la dynamique enclenchée depuis deux ans, donne des munitions à l’opposition et sabote, en coulisses, l’image d’un Président encore apprécié mais de plus en plus mal conseillé.
Les électeurs ne sont pas dupes. Ils voient bien que derrière l’argument d’autorité, se cache un agenda personnel. Certains évoquent déjà une volonté sourde d’éteindre les voix libres, de marginaliser les bâtisseurs trop populaires, ou pire, de préparer un retour aux vieilles pratiques d’exclusion, où la loyauté au peuple comptait moins que l’allégeance à une hiérarchie.
Vers une rébellion électorale dans la Dola ?
Face à ce mépris affiché, les signaux sont clairs : la base se rebiffe. Plusieurs figures historiques de la Transition dans la Dola envisagent de se présenter en indépendants, appuyées par des collectifs citoyens et des réseaux associatifs. Une contre-offensive locale est en gestation, portée par un slogan cinglant :
“Le Peuple a construit, le Peuple choisira.”
Et si les urnes deviennent l’arène du règlement de compte, alors la défaite à Ndendé ne sera pas une erreur : elle aura été planifiée depuis Libreville.
Le saboteur en chef ?
À vouloir tout contrôler, le SG de l’Union des Bâtisseurs risque de tout perdre. Car dans la Dola, on ne badine pas avec l’histoire ni avec la mémoire des combats. Et dans ce territoire d’honneur, les mots du Président ne suffisent pas à effacer l’ingratitude politique.
Ce n’est donc pas Oligui Nguema que la Dola pourrait sanctionner. C’est le système qu’on veut lui coller dans le dos, celui qui trahit les bâtisseurs de l’aube pour mieux reconduire les méthodes du crépuscule